Le BEGES, ou Bilan d’Émissions de Gaz à Effet de Serre, communément appelé bilan carbone est désormais obligatoire pour les grandes entreprises et les grosses collectivités. S’il est souvent perçu comme une contrainte pour les structures, il devrait pourtant être vu comme un véritable outil stratégique de pilotage. En effet, faire le bilan de carbone de vos activités va vous permettre de prendre du recul sur ces dernières et soulignera les différents lieux d’optimisation possibles. Finalement, calculer votre BEGES pourrait être un gros avantage. Lumière sur cet outil, ses avantages et son champ d’application.

Faire son bilan carbone, mais pour quoi ?

Les scientifiques s’accordent tous à dire qu’il y a urgence en matière de climat : il suffit de lire les rapports du GIEC pour comprendre la criticité de la situation actuelle. Or, intégrer une stratégie bas carbone à son activité est un processus de longue haleine. Rome ne s’est pas faite en un jour !
Il est donc impératif de s’y mettre le plus tôt possible, même si vous n’êtes pas encore contraint par les obligations réglementaires.

Pour survivre demain

En effet, même si vous n’êtes pas encore concerné par ces dernières, vous êtes – sans le savoir – déjà sous le joug de la “double contrainte carbone”.

D’une part, vous subissez la contrainte de disponibilité des énergies fossiles (dont le coût est corrélé à la rareté) et de l’autre, vous devez réduire vos émissions puisque de toute façon, l’objectif à l’échelle mondiale est d’atteindre -55% d’émissions en 2030.

Aujourd’hui, l’impératif de réduction des émissions de gaz à effet de serre est donc une réalité, une trajectoire impossible à éviter. Au vu des Accords de Paris, il semble évident que les entreprises doivent commencer leur transition dès aujourd’hui, sans quoi elles étoufferont sous le poids de cette fameuse double contrainte…

Pour se démarquer

Lorsque nous choisissons un prestataire ou un produit, nous comparons avec les concurrents présents sur le marché. Aujourd’hui, l’argument RSE est petit à petit devenu un argument de poids. Il démontre que vous avez pris le temps d’analyser votre business et d’optimiser bon nombre de ses aspects, tant et si bien que de nombreux labels “verts” sont nés pour attester de votre travail sur le sujet.

De notre côté, nous ne doutons pas qu’à terme, au-delà des labels ou des certifications, l’absence d’actions de fond deviendra un critère discriminant dans le choix des clients comme des partenaires.

Pour votre image de marque

Une entreprise qui prend ses responsabilités : voilà l’image que vous véhiculez quand vous communiquez sur votre bilan carbone et sur le plan d’actions qui y est associé. Cela ruissellera non seulement sur vos clients mais aussi vos partenaires, fournisseurs et employés.

Une étude faite en 2021 a d’ailleurs démontré que les consommateurs, toutes générations confondues, se disent prêts à dépenser plus pour des produits durables. On ne doute pas que votre chiffre d’affaires bénéficiera donc de votre démarche.

A ce jour, la réalisation d’un bilan carbone n’est obligatoire que pour les entreprises de plus de 500 personnes en France métropolitaine, les collectivités employant plus de 250 personnes ou ayant plus de 50 000 habitants. Cependant, il est difficile d’imaginer que les petites et moyennes entreprises ne seront pas concernées par ces obligations à l’avenir… Autant anticiper ce qui peut l’être !

Comment calculer son bilan carbone, concrètement ?

Ca y est, vous êtes prêts à faire votre bilan carbone mais ne savez pas par où commencer ? On vous accompagne pas à pas. Tout d‘abord, il est important de faire le distinguo entre un “bilan GES réglementaire” et un “bilan GES complet”.

Dans le premier cas, il s’agit du bilan carbone obligatoire, il comprend les émissions directes causées par votre activité (scope 1) et les émissions indirectes liées l’énergie utilisée pour fabriquer votre produit (scope 2).

Dans le second cas, il comprend également toutes les émissions indirectes liées à d’autres étapes du cycle de vie de votre produit (scope 3). Ce dernier champ n’est pas obligatoire mais nous vous recommandons de l’évaluer au même titre que les deux premiers.

Mais avant tout cela, il est indispensable de commencer par définir les périmètres à prendre en compte, la méthodologie de calcul ainsi que les données à utiliser.

Définir son périmètre opérationnel et organisationnel

L’une des premières étapes de ce bilan sera de définir le périmètre d’étude. Voici quelques questions qui vont aideront à mieux encadrer votre bilan.

  • Devez-vous prendre en compte toutes les entités qui constituent votre organisation ? Avez-vous des filiales dont vous êtes responsable ? D’autres établissements répartis sur d’autres sites ?
    On appelle ce cadre le périmètre organisationnel, il s’agit ici de définir les sites, installations et compétences prises en compte dans le bilan.
  • Quels types d’émissions vont être pris en compte dans le bilan?
    Le périmètre opérationnel est constitué de l’ensemble des émissions de GES liées aux opérations de l’entreprise, ventilées par catégorie et par poste d’émissions.

Pour rappel : au sein du périmètre opérationnel, les émissions directes et indirectes de GES sont classées en 6 catégories, conformément à la norme ISO 14064-1 :

  • Les émissions directes,
  • Les émissions indirectes
    • associées à l’énergie,
    • associées au transport,
    • associées aux produits achetés,
    • associées aux produits vendus,
  • Les autres émissions indirectes.

Ces émissions sont ensuite réparties par postes d’émissions, comme visible ci-dessous.

A retrouver directement dans la méthodologie proposée par le gouvernement : https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/methodo_BEGES_decli_07.pdf

Les méthodes de calcul

Une fois vos périmètres d’étude définis, passons aux calculs ! il existe plusieurs méthodes de calcul de votre bilan carbone. Pour aujourd’hui, nous ne retiendrons que celles qui sont reconnues et utilisées pour les organisations :

Norme
nationale

Norme
internationale

Bilan Carbone®

GHG
Protocol

Source

Article 75 de la loi Engagement National pour l’Environnement (2011)

Norme internationale ISO 14064-1

(2018)

France Association Bilan Carbone (2004)

développé par le WBCSD et le WRI aux Etats-Unis (1998)

Champ d’application

Scopes 1 & 2

Principes généraux

Scopes 1, 2 & 3

Scopes 1, 2 & 3

Sachez tout de même que d’autres méthodes ont été développées en fonction des spécificités sectorielles de certains acteurs. Vous pouvez consulter les guides dédiés ici (https://bilans-ges.ademe.fr/fr/accueil/contenu/index/page/secteurs-listedesguides/).

Plusieurs méthodes d’évaluation des émissions de GES sont possibles, mais l’approche la plus couramment utilisée se fonde sur un calcul assez simple.

Il est composé de 2 éléments distincts :

  • les FE (facteurs d’émission) : indiquent la quantité de CO2 émise lors de la combustion d’un combustible donné et pour une unité d’énergie,
  • les données d’activité : la mesure des émissions.

Le calcul se présente comme suit :
GES (en tCO2e) = Donnée d’activité x facteur d’émission

Par exemple, pour l’empreinte carbone du gazole consommé pour les voyages professionnels, on prend la consommation (en litres) et on la multiplie par le facteur d’émission (en kgCO2/litre) fourni par le fournisseur ou à défaut par l’ADEME.

Quelles données utiliser ?

Pour réaliser un bilan GES il sera donc nécessaire de rassembler les données d’activités. Ce sont les informations déjà disponibles dans l’organisation (consommation énergétique, transports, achats…), mais aussi des données externes à recueillir auprès de vos fournisseurs, partenaires…

La mesure directe à l’aide de capteurs est, par exemple, une méthode tout à fait valable pour mesurer vos données d’activité. Vous pouvez également utiliser des données statistiques ou des études dans le cadre de votre bilan carbone, elles seront juste moins précises que des données primaires.

Si vous n’arrivez pas à rassembler certaines données, ne vous inquiétez pas.
De nombreux outils ont été créés pour vous simplifier la tâche : vous pourrez, par exemple, utiliser la Base Carbone®, base de données publique, pour vous aider à réaliser votre exercice de comptabilité carbone.

Par exemple, vous avez fait appel à un avocat et vous ne savez pas mesurer l’empreinte carbone correspondante ?
L’ADEME vous donne une estimation des émissions correspondant à ce type de prestation de service selon le montant dépensé. Ainsi, chaque ligne de votre compte de résultat peut être valorisé en GES. Un outil collaboratif précieux qui peut donc vous permettre de faire un bilan complet !

Avez-vous encore une bonne excuse de ne pas faire le bilan carbone de votre entreprise ? Nous espérons en tout cas que nous vous les avons toutes invalidées et que l’on vous a convaincu du bien-fondé de cet exercice.

Que vous soyez soumis à l’obligation ou non de réaliser ce bilan GES, le faire peut vous être bénéfique à différents niveaux : analyse chiffrée des postes d’émissions, optimisation de l’organisation possible, des coûts liés aux transports… L’avantage de ce bilan est aussi qu’il vous impose de mettre en place un plan de transition constituée d’objectifs, de moyens et d’actions concrètes, au service de votre politique RSE. Et oui, n’oublions pas que nous avons signé les Accords de Paris et que nous devons améliorer nos émissions de 5% par an, il est donc largement temps de commencer…

Enfin, plus il y a d’entreprises qui font ce bilan et partagent leurs données, plus ces dernières seront précises – un vrai sujet quand il est aussi difficile de mesurer certaines émissions indirectes. Alors, si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour les autres !